La misère de Paris
(Alexandre Poulin / Alexandre Poulin)
Paris, 1534
Fais pas le malin, ici, c'est pas des farces
J'ai volé un petit morceau de pain
Je sais que c'était mal
Mais j'avais faim
On a vite fait de me jeter en prison
Sans aucun procès, sans me d'mander mon nom
J'm'attendais donc à y purger ma peine
Jusqu'à ce qu'arrive cet homme qu'on appelait Capitaine
Y m'a proposé un marché
Y avait besoin de marins pour naviguer
<< Si tu fais bien tout ce qu'on te dit
Rendu là-bas, promis, tu auras la vie >>
Saint-Malo, le 20 avril
Le port est plein pour le départ de mon navire
Qui met le cap sur la fin du monde
Ben voyons donc, voir si la terre est ronde
Pourtant, 20 jours plus tard, j'entends : << Terre en vue >>
10 hommes sont déjà morts du scorbut
Je vous jure, c'est toute une traversée
Moi, j'ai payé mon dû, je veux ma liberté
On m'a donné un p'tit lopin de terre
Je suis devenu quelqu'un, je suis propriétaire
La rumeur dit que des filles viendront bien
Je m'en choisirai une qui sentira le sapin
Ma maison d'bois rond nous protège du froid
Moi et ma femme grosse de cinq, six mois
J'ai découvert la couleur de l'enfer
C'est pas rouge, c'est blanc
Pis y appellent ça l'hiver
Au moins, on s'donne un coup de main
Nous sommes alliés, Français et Algonquins
Y a rien de mieux pour la peste qu'on soigne
Que les conseils du sage et les soins du chaman
Et enfin, se pointe le printemps
Bientôt, y aura du blé sur mes quatre arpents
J'me suis jamais senti aussi bien
C'est la première fois que je sais c'que j'mangerai demain
Moi qui ai toujours dormi sous les ponts
Moi que les gens appelaient le vagabond
Qui aurait cru qu'le vol d'un morceau de pain
Changerait ma vie, me mènerait aussi loin
Nouvelle-France, 1566
Un navire français monte en aval
Je lui fais signe d'où je suis
Je suis fier de mon nom, je suis un De Courval
Mes enfants grandiront ici
Dans l'abondance et la beauté de ce pays
Ils seront fiers de qui je suis
Et jamais ils ne connaîtront... la misère de Paris
La misère de Paris