Sur la place taillée en mesquines pelouses
Square où tout est correct les arbres et les fleurs
Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs
Portent les jeudis soirs leurs bêtises jalouses.
L'orchestre militaire au milieu du jardin
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
Autour aux premiers rangs parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres :
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames
Auprès desquelles vont officieux cornacs
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts des clubs d'épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme
Fort sérieusement discutent les traités
[je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis sous le corsage et les frêles atours
Le dos divin après la courbe des épaules.
J'ai bientôt déniché la bottine le bas...
Je reconstruis les corps brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas...
Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres