Face à l'amer, j'ai rejeté notre amour
Après la nausée : le vide, il n'y aura plus de commencement
Cette mer, trop calme, au crépuscule lentement
A englouti le jour, dévorant son soleil
Condamné par sa lame à l'éternel sommeil
Il s'engouffre et s'éteint dans l'eau froide et moirée
En laissant derrière lui un rayon final, une trainée
Milles feux recrachés en nuée d'étoiles livides
On s'est aimés d'un amour fou
Puis abîmés dans la mer fauve
On s'est lassés dans l'amertume
On a jamais vu l'Amérique
Nous avons tant dansé, autrefois sur les flots
Tu me regardais le jour, tu me ressentais la nuit
Dans ce lit de corail ou palpitait la vie
Un immense Océan sans rivage et sans fond
Je nous revois blottis dans le brouillard humide
Aux aurores, sous les cieux murmurant à la marée
Que bientôt le navire sur la mer qui s'agite
Chavirerait violemment par un soleil au zénith
On s'est aimés d'un amour fou
Puis abîmés dans la mer fauve
On s'est lassés dans l'amertume
On a jamais vu l'Amérique
Un vent ne menant nul part présage d'éternels ténèbres
Il répand partout au soir l'odeur d'une tempête essoufflée
Mer impassible et résignée, flaque de fiel désensoufrée
Dépose ton dernier baiser à la commissure de mes lèvres
Il y eut un soir, hélas plus de matin
Et plus même une vague pour abreuver mon désert
Triste coquillage qui ne résonne plus la mer
Et guette dans le ciel l'ombre de son prochain festin
On s'est aimés d'un amour fou
Puis abîmés dans la mer fauve
On s'est lassés dans l'amertume
On a jamais vu l'Amérique