Couplet
J'me revois, p'tit gars tout frêle, au collège, l'air naïf, six années d'victime, six ans d'ma vie qu'j'perds, j'me cache plus derrière un masque, j'vois que le voile se lève, faites place a la graine du mal, j'entends le calme avant la tempête, des voix que je reconnais, sans même la cam, j'les vois pleurer, certains loin d'moi, loin d'l'hôpital, ne pas tous les voir près d'toi, ils savent pas c'que ça fait, tout l'été, dans un cloître, à recevoir des photos des gens qu't'aimes, dans des lieux qu't'aimes. J'ai rien dit, j'me suis tu, la vérité, c'est que quand j'dis rien, c'est qu'j'suis encore plus déçu, c'est qu'j'suis outré, écœuré, qu'j'ai envie qu'ça disparaisse de ma tête, j'ai ptet mes défauts, on m'dit que j'parle que d'rap, j'en entends d'autres parler que d'mecs, les autres ne te parlent que d'taff, d'achats d'appart, parfois, d'un mariage sans huguette. J'sortais des sentiers battus depuis tout p'tit, grand-mère m'cherchait dans la rue, j'prenais la fuite, j'étais mieux avec mes potes à leucate a faire des conneries, il fallait esquiver les notes pour éviter les ennuis, j'étais le premier des derniers où l'dernier des premiers, jusqu'au chômage. La médiocrité s'est usée jusqu'au naufrage. J'fais pas partie du clonage, j'prépare mon sauvetage, dans ma chute abyssale
Couplet
J'veux pas être l'artiste à qui j'donne une pièce quand j'rentre tard le soir, ni le prof harpiste, vas-y, faut qu'tu m'blesses, dans mon égo car y'a que comme ça qu'j'progresse, que je tourne la page, j'me suis construit sur des mirages, viré, c'était l'coup sec pour qu'j'refasse surface, fini de croire que l'alcool est la réponse à tout, à tous les maux, à toutes les plaies, que le fait d'être fonsdé va motiver ma créativité, je n'crée rien, c'est pas le fruit du hasard, dans mes rêves, j'vois l'train, j'm'endors a la gare, j'veux pas suivre ces rails mais changer l'aiguillage, j'ai toujours eu la phobie d'être seul, je sais qu'mes potes n'ont qu'une parole, la vie d'couple, un sur deux, c'est l'divorce, c'est la solitude à deux, qu'il pleuve, j'ai la haine, impossible de percer, trop sollicité pour payer, c'est des hyènes, juste bon à gratter un peu d'buzz, j'préfère mourir jeune que sucer ces PD, des qu'il y a un peu d'sens dans l'texte, y'a plus aucun suspense, trois vues, c'est le pic du siècle, tous ces mecs qui percent racontent les mêmes merdes, que des clichés sur les tess, laissez-moi raconter mes clichés sur l'école de commerce, y'a rien d'vrai, j'ose même plus ouvrir le frigo, plus rien à grailler, si c'n'est d'la tise, un café froid, mais y'a qu'l'insécurité qui fait battre mon cœur, sans prendre le temps qui passe comme les heures d'une veuve qui vont s'achever lasse, car à quarante piges, j'veux être sans regrets, tenter c'qui m'donne envie, sans militaire à mon ch'vet
Couplet
A vivre dans le passé, on n'vit pas le présent, on peut rater le futur. Hors du chemin tracé, le rap, c'est mon essence, j'me sens mieux dans le tumulte. Si j'veux rien vous dire en face, c'est que j'ai peur des réactions, d'voir toutes mes erreurs en flash, f'rait plus de pleurs, que d'médiation. J'ai peur de ces échecs de ma passion, j'suis dans le néant, j'attends le dégel et la moisson, j'me sens médiocre depuis ma tendre enfance, tout reste ancré dans mon crâne comme marqué au fer-blanc, pour une fois qu'j'me sens géant, laissez-moi un peu d'temps, pour le taff, arrêtez d'me stresser, vous avez de bonnes intentions mais pas de bonnes raisons.
J'vous ai écouté, j'vous ai suivi, j'ai fait les études que vous m'aviez dites. Maintenant, j'veux être libre, faire c'qui m'plait vraiment quitte à foutre ma vie en l'air, t'façon, avec mon ancienne vie, j'me s'rai sûrement foutu en l'air. Y'a que le ciné ou la musique, qui peut me satisfaire, j'fais comme le HEC qui d'vient artiste, j'envoie tout s'faire mettre, j'voulais enfin écrire une chanson sincère, ma rage monte en crescendo, c'est l'ascension, j'suis Neil Armstrong, je mets les rappeurs dans les tombes, et ce sera l'unique scénario. Même si j'dois vendre tous mes CD en porte à porte comme témoins d'jéhova, j'enverrai plus jamais d'CV, j'pends la corde a la branche d'un séquoia, j'lâcherai plus le cromi, je peux te promettre qu'une seule chose, c'est que je mourrai sur la scène, j'me résignerai jamais à bosser comme le commun des mortels, je continue a te faire kiffer pour que Gohu reste éternel
Outro
Un vent de tempête
Un vent de tempête
Un vent de tempête