Qu'il est bon, se savoir un pays où l'on est roi
Lorsqu'à bout de force et de souffle on ne pense qu'à rentrer
Et qu'un train, ou un avion, ou quoique ce soit pourrait nous y emmener
Seuls garants de l'espoir en l'exil
Sur une terrasse à Kreuzberg en plein été
Un restaurant chinois, rouleaux de printemps surgelés
J'étais à Berlin, mais Berlin ne me faisait plus rien
Ni chaud, ni froid, et la Spree n'était qu'à quelques pas
Et tous ces gens qui n'en n'ont plus
Des morts-vivants, pour toujours suspendus à leurs jardins d'enfants
Au bord du gouffre, de la chute libre
Voyage au bout d'une nuit interminable
Qu'il est bon se savoir un pays où l'on est roi
Des mots dans lesquels s'endormir
Quelques jours auparavant dans l'express qui partait de Münich
Un compartiment à six :
Moi, une femme, ses deux filles, leur chien et un jeune inconnu
Ils n'ont rien vu des plaines monotones de Saxe et de Bavière
Qui semblent caresser l'horizon
Tous ses villages qui se ressemblent
Et qui pourtant tous me donnent envie de descendre
Ces enfants-là verront-ils jamais le Monde
Se perdront-ils un jour, ressentant la légèreté qui nous anime
Pourront-ils jamais mourir
Qu'il est bon, se savoir un pays où l'on est roi
Auquel on goutte que lorsqu'on n'y est pas