J'ai le mal de l'homme, de l'air et même celui de l'eau, en somme je crois que je sens battre le coeur de l'autre
J'ai le peuple qui pleure, mais son chagrin sonne faux et j'ai peur quand je vois que chacun suit les ordres
J'ai le mal des ruches, et j'ai l'écorce qui saigne
Je me sens livré à moi-même comme un enfant des rues
J'ai le silence qui hurle et me revient en écho
Dans une forêt qui brûle, sous un ciel sans oiseau J'ai l'optimisme malade, et j'ai l'humour acide
Gros caillou dans la poitrine incapable de battre
J'ai le cartable lourd de ses leçons racistes
Plus un vrai manque d'amour et un moral en plâtre J'ai les feuilles qui tremblent, j'ai le sol qui s'écroule Je me planque dans la foule avec la peur au ventre J'ai le regard qui doute, et le temps qui s'écoule
Mon rafiot dans la houle et moi qui jette l'encre...
J'ai le mal de Terre, comme un vague à l'âme
Tous dans la même galère et va falloir qu'on rame J'ai le vent contraire, l'espoir qui prend l'eau
Mais je m'accroche à mon radeau
J'ai le mal de Terre, conscient de ma présence,
Sur petite planète qui souffre en silence
Un Homme ordinaire, simple matelot
Je vois couler mon bateau
J'ai le mal de l'herbe, j'ai les pluies assassines
J'ai les rivières qui sèchent et le terreau stérile
Misère, drogue, sexe, particules fines, frérot
Je t'envoie des bons baisers de Paris
Là-bas l'Afrique se consume, toujours aussi docile Ici nos lampes s'allument aux énergies fossiles
J'ai la monnaie qui triche, mais le secret bancaire la jungle qui se défriche à coups de bulldozers
J'ai les décharges d'Europe, et les fleuves noirs de Chine
Un passé goût pétrole, un avenir couleur schiste
J'ai le syndrome de narcisse, mais le reflet fragile j'ai le miroir qui ment et je crois ce qu'il me dit
J'ai le vivant qui meure sans savoir se défendre
J'ai les cendres d'un monde que je voudrais meilleur j'ai l'histoire qui se répète, à croire que ça fait vendre Nos coeurs dans la tempête et moi qui jette l'encre
J'ai le mal de Terre, comme un vague à l'âme
Tous dans la même galère et va falloir qu'on rame J'ai le vent contraire, l'espoir qui prend l'eau
Mais je m'accroche à mon radeau
J'ai le mal de Terre, conscient de ma présence,
Sur petite planète qui souffre en silence
Un Homme ordinaire, simple matelot
Je vois couler mon bateau
J'ai les drapeaux en berne, le futur qui s'inquiète
J'ai les courbes qui s'inversent et les combats qui se perdent
J'ai les regrets qui germent, et l'envie d'en faire plus de faire mieux, forcement, mais surtout de faire juste
J'ai la révolte fébrile, étouffée à la racine
La dictature qui se maquille en démocratie
J'ai les visages qui se cachent à l'avant du cortège les CRS qui chargent, l'Etat qui les protège
J'ai des photos sexistes couchées sur papier glace La phobie des emballages et des grandes surfaces J'ai les poubelles qui débordent, un océan de plastique et les vents qui nous escortent vers la pensée unique
J'ai le berger trop seul, et depuis la genèse J'ai le troupeau qui se dirige tout droit vers la falaise
Le Maître est malheureux, ses élèves sont des cancres
Moi je suis parmi eux, alors, je jette l'encre
J'ai le mal de Terre, comme un vague à l'âme
Tous dans la même galère et va falloir qu'on rame J'ai le vent contraire, l'espoir qui prend l'eau
Mais je m'accroche à mon radeau
J'ai le mal de Terre, conscient de ma présence,
Sur petite planète qui souffre en silence
Un Homme ordinaire, simple matelot
Je vois couler mon bateau