Sur la cime des arbres, nos corps s'en allait
Au début de cette gare, sous le tunnel roulait
Les trains de l'espérance, aux wagons enchainés
En route vers la Manche, aux vitres lacérées, aux vitres lacérées
Sous la tôle, en blouse blanche, on les distribuait
Ces morceaux de pitance, de quoi ne pas pleurer
En regardant passer des tonnes, de victuailles au mauvais gout
Et sous l'essieu d'un 33 tonnes, cachés, brisés, comme des loups
Ici nos rêves sont immenses, ici nos rêves se faufilent
Entre deux trains, entre deux branches, pour arriver en ville
Pour arriver en ville
Pas de retard, sous la pendule, l'horloge est arrêtée
Pas de duvet, pas de costume, un drap pour séparer
Des casiers d'infortunes, le peu d'intimité
Les ombres revenues, les ombres rejetées, les ombres rejetées
Ici on s'aime à l'arme blanche, ici tenir jusqu'à minuit
On cherche en vain des beaux dimanches, des nuits entières à l'abri
Ici nos rêves sont immenses, ici nos rêves se faufilent
Entre deux trains, entre deux branches, pour arriver en ville
Pour arriver en vie