Se tisser
S'entremêler
S'écrire la douleur puis partir pour ne plus jamais revenir
Quitter un lieu pour en habiter un autre
Occuper l'espace
Avec sur les épaules
Le poids des vivants
Errer à reculons
Donner aux endroits des souvenirs couleur béton
Devenir pour l'autre un point de repère
Au moment où la ville devient mortifère
Corps palimpsestes dans les ruines
Main dans la main dans la ville
Nous sommes si près
Et pourtant si loin
Nous sommes si beaux
Et pourtant si laids
Ô instant douloureux
Demain sera-t-il encore fait de nous deux?
Ô jours heureux
Sauras-tu toujours retenir nos sanglots et nos pleurs?
Pourrons-nous toujours retenir la noirceur de nos cœurs
Nos sanglots et nos pleurs?
Dans la ville souterraine
Perdus parmi les spectres
Tu me murmures à l'oreille
<< Tout va bien
Prends ma main
Je te montrerai le chemin >>
Et ta voix lénifiante
S'entend sur les
Mortes étendues
<< Embrassons nos plaies
Disons-nous au revoir
Sur les quais
Je t'attendrai
Sur les quais
Je te retrouverai
Ne t'en fais pas
Rien n'est encore terminé
Car sur les quais
Je t'attendrai >>
Je te murmure à l'oreille
<< Tout va bien
Je te tiens la main
Dans la ville souterraine
J'ai retrouvé le chemin >>
Nous sommes les ceux qui arrivent
Nous sommes les ceux qui aiment
Nous sommes les ceux qui blessent
Nous sommes les ceux qui haïssent
Nous sommes les ceux qui ne peuvent arrêter d'avancer
Ceux qui ne peuvent s'empêcher d'espérer
Ceux que personne ne peut entendre désirer
Nous sommes les ceux qui marchent l'itinéraire sinueux
Nous sommes les ceux qui déambulent dans l'attente
Anxieux
Ceux qui sont un peu perdus parmi eux
Nous sommes les ceux qui marchent avec la tristesse dans les yeux
Ceux qui n'arrivent plus à faire taire l'éclat de leurs cœurs à moteur
Nous sommes ceux qui avec le néant enfoui dans la paume de la main
Osent encore rêver à demain
Osent encore rêver à n'en pourfendre le chagrin
Osent encore rêver à demain