Je conterai aux gens que j'avais un ami
Qui mourut, loin de sa ville, un soir d'hiver
Pendant que la grêle battait fenêtres et toits unis
Dans la tristesse d'un mois de Décembre austère
Je le revois, sur son lit, le sourire qui luit
Malgré de fortes convulsions qui secouent son corps
Il jette un dernier regard à la vie qui le fuit
Puis, c'est la fin : il va mourir, il est mort
L'individu naît, grandit puis meurt : c'est le destin
Nul ne peut se dire qu'il en est épargné
Tous, autant que nous sommes, nous suivrons ce chemin
Nous n'avons pas à nous en être effrayés
Vivre. Vivre, le plus longtemps, était son désir
Mais le destin, décidant, autrement, il partit
Pour ne faire de peine à personne, sans avertir
Emporté par une mort insensible aux oublis
De toutes ses entailles, il a aimé la vie
Mais a-t-il oublié que personne n'est éternel?
Notre tour viendra, Nous les vivants en sursis
Et nous le rejoindrons au divin Appel
Se rappelle-t-il l'enfance, passé lointain?
Période douce de la vie qui ne s'efface
De sitôt, de la mémoire, aussi bien demain
Que dans cent ans et qui reste, toujours, vivace
La grandeur de l'homme est vertu historique
Dans celui qui a laissé une trace maîtresse
Avoir réalisé une œuvre, accompli un acte héroïque
Lui, il a donné la plus chère : sa Jeunesse
Ain-Séfra, joyau du Sud Oranais, ville d'orgueil
Berceau du sacrifice, elle l'a bercé, longtemps
Aimante, elle l'a gratifié de son soleil
Le couvant les saisons : de l'automne au printemps